Quand mon nom est personne.

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    le 12/02/2024 à 16:19 Citer ce message

    “Rien ne devrait recevoir un nom, de peur que ce nom même ne le transforme.”
    Virginia Woolf (Les Vagues)

    Dans notre société actuelle, on appelle de plus en plus de gens par leur prénom, dans les médias, en politique, dans les réseaux sociaux, etc…C’est une mode importée des Etats Unis d’Amérique, avec le management.
    Anne Rosencher, journaliste française, dans son article « la nouvelle tyrannie du prénom » (Paru dans l’Express), cite Jean-Pierre Le Goff, écrivain et sociologue français pour expliquer cette habitude :
    » L’individu s’insère de moins en moins dans une dimension collective institutionnelle. On ne pense plus les rapports que dans un monde dual- deux individus particuliers interagissant avec une forte dimension psychologique et affective. Le nom de famille, lui, renvoyait à une filiation. Une insertion dans une lignée ».
    Jean-Pierre Le Goff appelle cela la « désaffiliation » : l’individu complètement individuel, coupé de toute généalogie, et de l’héritage symbolique de ses parents.
    Selon Renaud Camus, il s’agirait « d’une mutation anthropologique essentielle, et d’une double régression : vers l’enfance des individus, pendant des siècles domaine réservé du prénom ; mais aussi vers l’enfance et même la pré-enfance des sociétés, en deçà des formes diverses de contrat social. Sans nom, pas de contrat possible, en effet : pas de responsabilité, car il est seul à même d’engager le sujet et de signer. À la verticalité des lignées, dont le nom est garant, se substitue l’horizontalité d’un DA CAPO perpétuel, le prénom ne commençant jamais qu’avec celui qui le porte, manifestation d’un fantasme d’auto-engendrement continu, où l’on voit s’abîmer, au profit d’un présent absolutiste et sans horizon, le passé, l’histoire et le sentiment même du temps, la culture, les nations et les identités ». (Cf. La civilisation des prénoms)
    Et vous, qu’en pensez-vous ?
    Forum – février 2024 –
    Proposition de lecture « Quand mon nom est personne - Du pronom au visage, l'appel du nom - Jean-Pierre Durif-Varembont. https://www.cairn.info/revue-spirale-2001-3-page-133.htm

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